Mon clin d’œil

Avant, les politiciens avaient un programme. Maintenant, les politiciens ont déjà animé un programme.

Aide médicale à mourir

Pour une loi plus inclusive

Au-delà des considérations médicales, juridiques, législatives et politiques, c’est la compassion qui doit guider les divers intervenants dans une démarche qui est avant tout profondément humaine : défendre le droit de vivre et de mourir dans la dignité.

Il faut donc offrir le support approprié pour que le passage de la vie à la mort se fasse sans souffrance et sans détresse, dans le calme et la sérénité, en paix avec soi-même et les proches.

La loi québécoise, qui a introduit l’euthanasie sous le vocable d’aide médicale à mourir, est très restrictive et ne s’applique qu’aux patients en fin de vie.

En février 2015, renversant son jugement à l’égard de Sue Rodriguez* rendu en 1993 par 5 juges contre 4, la Cour suprême s’est prononcée de façon unanime dans son arrêt Carter** en faveur de l’euthanasie et du suicide assisté. Ce jugement très inclusif comprend « des personnes qui présentent une condition médicale grave et irrémédiable, causant une souffrance intolérable ». Toutefois, en ajoutant une clause stipulant que le service est offert aux « personnes dont la mort naturelle est raisonnablement prévisible », la loi fédérale exclue les Sue Rodriguez de ce monde, dont les deux plaignantes auxquelles réfère l’arrêt Carter***.

Il incombe maintenant aux deux paliers de gouvernement de proposer, en collaboration de préférence, une loi inclusive qui se rallie au jugement de la Cour suprême. Une telle loi provoquera probablement un débat constitutionnel, mais il doit avoir lieu par compassion pour ces personnes dont la vie a perdu son sens et sa dignité.

* Sue Rodriguez était atteinte de la maladie de Lou Gehrig, une forme de maladie dégénérative débilitante et incurable. Elle a demandé le droit au suicide assisté, ce qui lui a été refusé jusqu’en Cour suprême. Mme Rodriguez s’est suicidée avec l’aide d’un médecin le 23 février 1994, dans l’illégalité.

** Kay Carter souffrait de sténose spinale en phase terminale. Pendant que sa famille poursuivait sa demande jusqu’en Cour suprême, elle s’est rendue en Suisse pour obtenir l’aide médicale au suicide, survenu le 15 janvier 2010.

*** Gloria Taylor, atteinte de la maladie de Lou Gehrig, avait obtenu en 2012 une exemption de la Cour suprême pour avoir recours au suicide assisté, mais elle est morte entre-temps d’une cause non reliée à sa maladie.

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